mardi 19 janvier 2010

Quelle place le développement durable tient-il dans votre vie?

Travaillant depuis quinze ans dans la création de parcours d'interprétation du paysage dans les espaces naturels sensibles et protégés (Réserves et Parcs naturels, sites du Conservatoire du littoral...) j'ai constaté que la découverte de la nature avait presque toujours un caractère exceptionnel. Il manquait des expériences plus modestes et quotidiennes. En 2001, j'ai imaginé qu'un jardin même petit, même en ville pouvait inaugurer une prise de conscience écologique chez les enfants.
En 2004, j'ai créé l'association ECLORE qui a pour but de développer le jardin comme ressource pédagogique et thérapeutique. La création d'un tout premier jardin "Le jardin de Marie", partagé entre les résidents d'une maison de retraite souvent atteints de la maladie d'Alzheimer, les enfants d'une crèche et ceux de familles de réfugiés politiques de ce même pôle social m'a mis sur la voie. Ce jardin est devenu grâce à certains enseignants des écoles voisines un lieu d'aventures dans la construction des savoirs.

J'ai compris lors de tous ces projets avec les enfants que le jardin n'est pas une mince affaire. Ce n'est pas le cliché d'un lieu mignon, joli, et encore moins le concours des écoles fleuries. En 2009, il s'agit de remettre les enfants les pieds sur terre, c'est une question d'équilibre, de santé. C'est la possibilité pour les enfants de nouer des liens intenses avec la terre, le rythme de la nature, de retrouver sa place parmi la biodiversité, de comprendre le poids de ses gestes, d'avoir des repères dans l'espace et le temps, d'aiguiser un regard artiste, d'apprivoiser des rêves avec d'autres personnes et de s'émerveiller.
Comme les routes, les cours d'école sont recouvertes de bitume. Les enfants passent huit ans de leur vie sur ce sol sinistre (maternelle et primaire). Certains enfants arrivent à l'école dès 7h30 et repartent à 18h (avec la garderie). Cela ne s'arrange pas au collège et au lycée. Après cela, nous voulons en faire des éco-citoyens. Et si l'on commençait par les entourer de nature. Un jardin est un modèle attachant, un professeur pour penser la planète.
Beaucoup d'enfants que je côtoie chaque jour ne sont jamais allés respirer dans une forêt, n'ont jamais cueilli de fraises, ont une peur phobique des insectes, ne se promènent jamais sous la pluie... Et pourtant les malades guérissent plus vite avec des arbres sous leurs fenêtres, les enfants sont heureux dans un jardin...
Quelle place tient le développement durable dans ma vie? Je ne la distingue pas de celle que tiennent les enfants.