Et
puis le miracle a eu lieu. « Elle » est venue. Encadrant
nos jardiniers en herbe, elle a nettoyé, désherbé, défriché,
agencé, organisé mais surtout semé des graines de vie : des
plantations anarchiques de nos bambins ont surgi nos « roses
d’Atacama », jonquilles, crocus, plus tard fraises des bois,
ont redonné de l’humanité à notre friche.
Et
puis « elle » est revenue, encore et encore. C’est
devenu le jardin secret des CP et des CP/CE1. Visible de la salle
informatique ou furtivement de la cage d’escalier mais pas encore
lieu de vie.
Les
adultes de l’école ont commencé à s’y retrouver, brièvement.
Dans le patio, que l’on ne nommait pas encore le jardin. Les
chaises, la table se sont imposées sous la verrière vétuste. Les
enseignants y ont pique-niqué, y ont fait des réunions aux beaux
jours… Petit à petit, tous les adultes y sont venus, désertant le
ténu bureau.
Et
puis « elle » est revenue, encore et encore. Cette année,
avec elle, Odile et nos élèves, nous avons décidé d’habiller
l’affreux et haut mur gris barré par une passerelle à 4 m du sol.
Sur celle-ci ont été installées de nouvelles jardinières. Pendant
ce temps, tout le monde s’appropriait avec enthousiasme notre
désormais cœur de l’école. La nouvelle organisation en îlots a
encouragé les déambulations quotidiennes de chacun : en quête
de la dernière fleur ou du plus petit escargot. Comme je me suis
découvert une réelle affection pour cet animal, notre seul
désaccord a surgi. Aucune pousse n’ayant émergé de la dernière
plantation de graines, elle m’a posé un ultimatum ferme :
« c’était eux ou le jardin ! » Elle a alors
organisé la première chasse aux escargots de l’histoire des
Menuts. Ne pouvant me résoudre à une extermination, j’ai fomenté
une évasion massive : nous avons déplacé nos escargots vers
la grille de la seconde cour afin qu’ils se trouvent un autre
jardin. Que les voisins ne nous en veuillent pas trop !
La
mairie a fait nettoyer la pierre, la verrière, la porte ont été
changées, la végétation a réjoui l’espace transformé
résolument en lieu de vie et de respiration, en havre de paix (un
remerciement particulier au merle qui a pris ses quartiers sur
l’antenne tout là-haut.) Le jardin est devenu un sujet de
conversation essentiel : on parle fleurs, plantes…, on s’y
retrouve à midi, 17h. Léo, qui se dit peu sensible à la beauté
des fleurs s’y allonge parfois pour une sieste improvisée, Nadège
y installe ses élèves, Odile y fait peindre les siens, on y lit le
journal, y pousse le basilic et la ciboulette de mes salades… Seul
regret, les nichoirs fabriqués par les CE2 n’ont jamais trouvé
preneur. Mais les oiseaux nous font le plaisir d’une halte…
L’hiver
rigoureux a, avons-nous cru, eu raison de nos avocatiers. Chacun a
examiné la situation, posant son diagnostic. Le jardinier nous a
réconfortés : signes de survie entrevus. Il les a étêtés
et, effet inattendu, nous avons bénéficié comme les plantes
environnantes de plus de clarté. Et puis cela a dégagé la vue sur
ce mur jadis affreux mais désormais vêtu de formidables guirlandes
de plantes qui trônent fièrement dans leurs bouteilles suspendues.
Elle a offert un tapis aux élèves de CE2, avec Nadège nous
réfléchissons à comment, dans le futur, permettre à tous les
enfants de bénéficier de ce lieu magique… parce que le bonheur,
ça se partage !
« Elle »
est revenue, encore et encore. Tous nos remerciements Elisabeth,
pour ce jardin où tu es et seras toujours la bienvenue !
Colette Milhe
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